DESTIN ( nouvelle n 5 )

mirage au dessus des nuages sage n 1


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DESTIN


IMGP0181













           
 Mon esprit ce soir refuse la routine de mon 
comportement habituel. Je ressens la poussée 
d' une force qui vient droit de la profondeur de 
mon subconscient. Certain qu' il passe l' éponge 
sur mon passé et que mon deuil peut prendre fin.
   Je me regarde dans le miroir de la salle de bains 
et trouve que ma laideur a disparu ainsi que cette 
affreuse cicatrice frontale que recouvre la longueur 
de mes beaux cheveux cendrées. Je me sens 
comme l'oiseau qui tente une évasion de sa cage, 
ou encore de son nid pour un second envol 

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vers la vie. Pour moi je sent un renouveau que je 
tente de faire valoir, vu que ?
   Je suis attiré par la fête qu' organise notre ville 
aux abords du lac. Une représentation annuelle 
y a lieu depuis de nombreuses années à la période 
de la mi-août. 
  La chaleur de la journée ne se dissipe et la 
présence de l'eau semble rafraîchir les alentours. 
A grand-peine je tente de trouver une place au 
milieu de cette foule que j'estime à environ deux 
mille personnes : la moitié de la population de 
notre cité. 
    Je repère un siège à l' autre extrémité de la 
scène car la difficulté de pouvoir se placer va de 
soi. Je m' installe à la dernière rangée de bancs, 
près d' une longue table en bois de pin.
    Le spectacle se trouve loin de mon regard mais
 le son de la musique sonne clairement à mes 
oreilles. De volumineux haut-parleurs permette 
de la transmettre jusque dans la forêt qui entoure 
la fête.
   Je commande une bière, elle m' est servie très 
fraîche, je dis même froide car de fines gouttelettes 
d' eau se froment sur la paroi du verre. Elle doit 

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sortir d' un réfrigérateur. Je me garde de la boire le 
temps qu'elle devienne appréciable.
  A ce moment-là des souvenirs attristent mes 
pensées. Je revois ma défunte femme qui m' aurait 
averti sur le risque que je cours en buvant cette bière 
trop fraîche.
  Je tente d' oublier cette réminiscence pour diriger 
mon regard vers le podium , qui se trouve sur la 
petite île au centre du lac , là où va éclater dans 
peu de temps, un grand feu d' artifice.
  Cette attente m' emmène vers une perspective où 
le repli dans le rêve arrête le temps d' une façon 
involontaire. Je ne suis plus ici ! Je ne suis plus là ! 
Je suis dans un univers sans fin !
  Un doux murmure réveille ma rêverie , il me séduit 
dans la profondeur de mon coeur. Le charme d' une
 voix d' enfant me dit timidement :
  -  Monsieur , êtes-vous seul ?"
  Ces belles paroles me ramènent brusquement sur 
terre. Je retrouve rapidement mes réactions.

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  -   Mais Élodie je ne suis pas seul, ce soir tu es 
avec moi ? "
  Je me tourne vers elle et remarque une réelle 
ressemblance avec le souvenir que j' ai  gardée de 
mon adorable fillette !
  D' une voix réfléchie elle me répond :
-  Monsieur je ne suis pas Elodie, je suis Élise ! "
  Bien entendu , ce n' est pas ma fille. Mais que 
m' arrive-t-il ?
-   Pardonne-moi mon enfant, car tu ressembles 
énormément à ma fille Élodie. Tu dois certainement 
avoir le même âge , huit ans n' est-ce pas ?
-   Bien sur Monsieur, vous devinez juste. "
  A ce moment un sourire apparaît sur le visage de 
la ravissante fillette. Je retrouve le charme de 
l' expression du sourire d' un enfant, cette richesse 
que possède les parents à travers leurs enfants 
qu' ils adorent et qu' ils aiment. Je lui renvoie un 
sourire qui réveille des muscles restés endormis. 
Ils revivent et marquent une satisfaction digne 
d' une profonde joie. Pour le première fois, depuis 

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fort longtemps, mon visage retrouve l' émoi de la 
vie et de l' amour pour autrui.
  Les tourments de la vie m' ont comblé de 
beaucoup de peines mais éprouver d' une manière 
aussi profonde un peu de joie, récolte une 
abondance de bonheur, le retour de ces sentiments 
expriment la renaissance de la vie.
  -   Es-tu seul ?
 me répète cette tendre voix.
  -   Bien sur que je suis seul, Élise.
  -   Tu sais Monsieur , ma maman aussi, 
       elle est seule.
  Une émotion étreint mes pensées. Mon cœur bat 
la chamade. Je ne trouve pas le moindre mot pour 
lui répondre. Un pressentiment me redonne du 
courage, je ressens une compassion provoquée 
par la vibration de sa jolie voix d' enfant. 
  Je retrouve l ' équilibre grâce à un visage 
expressif, sentimental. Je dois effacer mon passé, 
il le faut ! Il le faut ! Je reprends courage et regarde 
cette enfant. Je rencontre des yeux m' hypnotisent

par leur clarté et leur beauté fascinantes ; ils me 
dominent avec le nacre qui entoure ces satellites 
bleutés, centrés d' un noir brillant d' espoir. La 
sincérité même, ou peut-être le poids de cette 
conviction exacte qui consiste à rétablir l' équilibre 
du besoin d'amitié que l' on partage avec autrui !
-   Élise,où se trouve ta maman ? 
  Son petit index guide mon regard vers l' endroit 
où ma curiosité rencontre le visage de sa maman 
délaissée. Un profond pincement fait frémir mon 
cœur. Je sens que renaît la grâce d' exprimer une 
amitié envers cette personne qui me fait pitié. 
J' éprouve le désir profond de la rejoindre. Mais, 
que m' arrive f-il ? Je  viens d' acquérir un je ne 
sais quoi, venu de je ne sais où, une manne de 
partage qui inonde mon comportement. J' analyse 
qu' elle doit certainement renfermer un profond 
manque d' affection ? Le fait que moi , je viens 
d' accumuler une forte volonté de changement 
prouve que je me laisse guider par mon coeur !

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-   Élise, es-tu contente que j' accepte ta demande ?
-    Oui monsieur,
-   Si tu m' appelles Jean, je serais flatté. "
  La distance à parcourir demande une 
cinquantaine de pas. Je ne perds pas le nord et 
regarde droit devant moi. Le visage de cette 
maman délaissée devient visible. Sa ressemblance 
avec la fillette interpelle mon regard. Comme 
deux déesses, leur beauté m' émeut admirablement :
  -   Bonsoir Madame je viens de raccompagner 
votre fillette. "
  Son visage se tourne vers moi, puis vers celui 
de l' enfant. Une douce voix inonde mes oreilles.
  -   Étais tu perdue Élise, pour que ce Monsieur 
      t' accompagne ?
  -   non maman, j' ai demandé à Jean qu' il  me 
      raccompagne vers toi.
  -   tu es vraiment osée Élise, tu n' as pas manqué 
      de politesse j' espère ?
  -    Mais non maman j 'ai remarqué qu' il était seul, 
       je lui ai demandé s' il voulait nous tenir 

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       compagnie e maman , depuis que papa se 
        trouve avec les anges je me sens très seul...
  -      Mais Élise on ne fait pas cela ! "
  témoin de la scène je reste un moment pensif 
sans pouvoir exprimer un seul mot. instinctivement, 
je veux défendre Élise et je prend la force de répondre :
  -   Madame , votre enfant n' est pas osée du tout, 
      avec une admirable politesse qu' elle m' a 
      questionné .
   Je me tourne vers Élise puis remarque la présence
 d' un petit ruissellement de larmes sur son visage :
  -    Pour  quelle raison pleures-tu ?
  -    Je ne savais pas que ce que j' avais entrepris 
       était impoli. "
    Il n' y a pas que la fillette qui est confuse car la 
maman aussi est bouleversée. Elle lui parle d' un 
ton ferme.
-   Ne prends pas ce ton triste, Élise . Il risque de ?
  Le visage de la maman s empourprer, un silence 
coupe nos relations. Je présume qu' elle a 

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ressenti une certaine gêne. Mon cœur de scout 
m' entraîne vers une allocution pour rompre ce 
vide .
   -   Vous savez Madame je me trouve dans une 
situation similaire au drame que vous avez 
surmonté. C' est dans un accident de circulation 
que j' ai perdu ma fille Élodie qui aurait eu le même 
âge qu' élise et que ma ?
  A ce moment, les premières explosions de fusées 
se répercutent et résonnent aux alentours bordés 
de grands et nombreux arbres. Des clartés 
multicolores illuminent le ciel. L' enfant éclate de 
joie et crie à pleine voix :
  -   Maman ! Maman ! comme il est beau celui-là, 
       il est bleu, rouge et blanc en même temps ,
      maman ! maman ! maman ! là ils montent très
      haut dans le ciel puis se transforme en une 
      multitude de petites étoiles de toutes les 
      couleurs.
  Les cris de l' enfant ne cessent d' exprimer son 

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bonheur. L' ensemble de la foule se laisse aussi 
aller à sa joie par un brouhaha d' applaudissements :
   -   Jean , assieds-toi près de moi. "
  Je suis son ordre sans toutefois quitter le regard
 de sa mère :
  -   Jean elle s' appelle Viviane ma maman.
  -    Merci Élise , je m' en souviendrai. 
  Je garde au fond de moi un respect doublé de 
timidité que m' inspire cette ravissante jeune 
femme.
  - Viens Jean on se place de l' autre coté, avec 
maman, de cette façon on pourra admirer le feu 
d' artifice sans devoir tourner le dois. "
  Elle n' a pas tort cette enfant tourner le dos à 
une personne n' est pas poli du tout :
   -   Oui Élise , tu as raison .
  Nous contournons la longue table et je tente
de m' asseoir près de sa maman.
  Ma curiosité recherche quoi au juste, je suis
 choquée et hypnotisée par ?Mais que vois- je ?

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  Une canne blanche, d' aveugle, est posée 
contre le banc. Mes pensées se heurtent à des 
suppositions qui détournent toute bonne intention. 
Et, si cette personne-là était non voyante ? Mais 
dans quelle aventure me suis-je fourré ? Quelle 
réaction dois-je avoir ? Faut-ils les abandonner 
immédiatement sur le champ sans leur donner une 
raison ? Faudrait-il les laisser pour compte, vu leur 
faiblesse humaine ? Une impitoyable lâcheté 
occupe l' ensemble de mes pensées.
(Jean te laisseras-tu embobiner par ton égoïsme ?)
  Mon regard quitte cette incongruité de canne pour 
se diriger dans la pénombre où se forment les 
étoiles du ciel, là où se situe l' événement du soir, le 
feu d' artifice :
-   Jean est-elle jolie ma maman ? "
  (Mais quelle bavard cette enfant, que va-t-elle 
encore me poser comme question ?)
  -   Mais bien entendu qu'elle est belle ta maman.)
  Plus fort que moi, j' exprime en toute sincérité la
juste valeur de mes sentiments. Elle n' a vraiment

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pas tort de me le demander car je réalise qu'
effectivement elle a beaucoup de charme , sa 
maman. Elle peut garder sa fierté car cette jeune 
et belle femme comble l' exigence de tous mes 
désirs.
  Les applaudissements font rage et, dans le ciel 
qui se chargent de nuages, des éclairs tonnent et
vrombissent. L' orage nous prend en tutelle pour
que la fête finis avant sa fin. 
   Les premières gouttes d' eau tombent. Elles 
marquent de petites auréoles sur la nappe en
 papier des longues tables. Le débit augmente
 rapidement, la pluie se change en un 
déversement continuel.
    Les auréoles s'agrandissent pour transformer 
la nappe en une pâte qui ressemble à du papier 
mâché. Une partie de la foule tente de trouver 
refuge tandis que d' autres personnes se sauvent
 rapidement dans un désordre indescriptible. 
C' est la panique, un véritable remue ménage qui

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bouleverse tout. Des trombes d' eau arrosent la 
foule. Les éclairs se multiplient et les vents 
soufflent brusquement. Tous se bousculent, et se 
renversent. Les un  piétiné les autres. D' une main 
ferme , je saisis la petite menotte libre d' Élise 
car l' autre tient fortement celle de sa maman.
Elle dit alors :
-   Maman , maman j' ai peur.
 -  Reste toujours avec moi Élise, ensemble on sens
sortira.
Je me permet de rajouter.
-   Oui, courons main dans la main
  Autour de nous,  le désordre est total. Les gens 
se ruent vers les sorties de la foret. C' est une 
vague de déferlement qui court vers un danger  
imprévu. Suite à ce remue-ménage on risque de
 s' égarer. Cette désorganisation est le signe de la 
bêtise de ces êtres humains qui se permettent de 
dire qu' ils sont civilisés.
   -   Monsieur Jean a raison, suivons ses 
      recommandations Élise.

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La rué vers les points de sorties devient telle 
qu' ils se transforment en entonnoir. Le bruit du
 tonnerre couvre celui des personnes affolées. 
Un éclair se dirige vers les hauts arbres de la 
foret. Il coupe net, à sa base, un grand hêtre qui 
s' enflamme en basculant sur la foule. Dans le lac, 
de nombreuses vagues ondulent en creusant de 
profonds replis. 
   Je serre Élise tout contre moi. Elle se blottit en 
tremblant de peur. Il n' y a pas qu' elle qui cherche 
un réconfort, Viviane, qui vient de tomber, tapote 
le sol pour parvenir jusqu'à' à moi.
-   Venez contre moi Viviane, je tacherai de vous 
     protéger de mon mieux. 
  Elle n' écarte pas ma proposition et se laisse 
guider par ma main. Le fait de nous trouver à 
l' autre bout de la fête m' a permis de voir 
disparaître une grande partie de la foule. Je trouve 
refuge près de l' orchestre.
  -   Élise, es-tu rassurée avec moi ?

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  -   Oui je suis très contente que tu ne nous aies
 pas abandonnées. Reste avec nous et tu seras 
mon papa pour toujours.
  Dans notre abri de fortune, résonne les paroles 
d' une douce voix,
  -   Il n' y a pas que ma fille qui vient de trouver 
      un appui, moi aussi je me sens protégée !
  -   Mes protégées, le fait de pouvoir vous venir 
      en aide me redonne énormément de courage.
  Le tonnerre s' éloigne enfin et les tombes d' eau 
se sont transformées en gouttelettes. Nous 
pouvons sortir de notre abri et aller vers la foret 
n' épargnant pas nos pieds, qui s' enfoncent dans 
plusieurs flaques d' eau d' une profondeur de dix 
centimètres.
  - Venez avec moi, j' ai ma voiture non loin d 'ici.
  Aucune objection de leur part, mes paroles ont 
leur juste valeur. Main dans la main, nous ne 
formons plus qu' un couple. Autour de nous les 
plus raisonnables quittent la fête. Il en sort d' un 

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peu partout, certains s' étaient cachés sous le 
chapiteau même qui est réservé aux instruments 
de musique.
   Viviane toute ravie, dit d' un ton sympathique :
  -   Quelle chance que Monsieur Jean se trouvait 
       avec nous, sans sa présence nous nous 
        serions perdues, et trempées. 
  Mon assistance leur a servi et pour moi je viens
 d' assumer pleinement une responsabilité 
au-dessus de ma timidité. J'ai enfin retrouvé ce 
que je voulais effacer de ma vie, le contact avec 
d' autres personnes et surtout, surtout, le partage
 d' une amitié que l' on peut appeler amour, car 
ce besoin vient à nouveau de se réveiller dans 
le fond  de mon cœur.
  Depuis cette rencontre, nous nous sommes liés 
l' un à l' autre, Viviane et moi , sans jamais trouver
 une objection quelconque.
  Le destin prévoit une fin, je m' arrête là car ? 

  fin

La nouvelle est en cour de construction, des 
changements peuvent suivre. 
Auteur Jean Jacques Mutz

                                 JJM

auteur Jean Jacques Mutz.
écrit le 05 01 2009.
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