Un vieil homme me raconte ( nouvelle n 3 )

mirage au dessus des nuages sage n 1












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un vieille homme me raconte

LE JEUX DE CARTES

  Cela fait bien deux années que cette drôle de guerre fait
rage. Les articles de journaux ne tirent que des malheurs, a
la manière d' une conspiration. On peut y lire les noms des
victimes par millions, certaines n' ont plus leur visage,
ni leur matricule elles figurent sous l' appellation
" Soldats inconnus ".

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  La liste des blessés revient comme un leitmotiv et les
amputés sont légion. Le mirage de la paix ne rencontre
aucune illusion ; seule la réalité de la mitraille a sa raison.
La haine envers son voisin , devenu ennemi, n' engendre
aucun sentiment de compassion. Tout est fait de colère, rien
ne ressemble à une image sage.
   Le front est le reflet de cet acharnement perpétuel qui
se déstabilise d'après la volonté des généraux, la perte en
homme prend valeur d' importance !
   L' Alsace, a cette époque-là, détermine la frontière mais
toute la région ne participe pas aux combats acharnés.  Une
zone de tranquillité existe, d' où est exempt tout acte de
haine , selon le témoignage cette petite histoire.
  La frontière frôle un petit village d' environ deux cents
âmes. La paix y a trouvé son dernier refuge. Le mot ennemi
ne prend place dans leurs pensées : Ce mot- la écarte le
bien par une haine qui les dissuade les uns des autres.
   Les soldats eux, trouvent une solution toute simple pour
se livrer bataille : Les occupants des  tranchées des
deux fronts vont se retrouver le soir dans une cabane

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forestière qui se situe au centre de leurs enjeux, sur la
ligne de démarcation. Là, ils sortent leurs jeux de cartes
et jouent.
   Cette complaisance ne fait pas la moindre victime, ce
n' est en fait que la sympathie qui prime.
   Dans le village, tout le monde suit son passible chemin.
Les paysans peuvent tranquillement continuer de travailler
la terre, récolter, cueillir, faire des propositions commerciales
aux soldats , qui préfèrent cela à toutes les rations qui ne
valent pas un bon repas de campagne.
    Pour l' enjeu, cela se déroule de la manière suivante: Coté
français c' est du vin rouge ou blanc qui devient monnaie
courante. Coté allemand, c' est le schnaps qui est valeur
d' échange. Bref , le commerce bat son plein de telle sorte
qu' aucune rivalité n' est possible. Cette complicité devient
si parfaite qu' on échange des adresses.
  Cette drôle de guerre prit donc un train-train rituel durant
deux années. Le lieutenant français acquit de l' embonpoint
en mangeant énormément. Cette surcharge pondérale fut
nuisible à sa santé : Un triste matin, il ne se  réveilla pas. La

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conclusion médicale précise que ce fut un arrêt cardiaque
qui mit un terme à sa carrière.
  Ce premier décès endeuilla la bataille de jeux de cartes. Un
rapport fut rédigé par l' adjudant-chef pour qu' un nouvel
officier remplace le défunt. Cette demande ne tarda point, un
jeune et valeureux lieutenant arriva, faisant briller tous ses
beaux galons.
   La première chose qu' il fit dès sa venue consista à passer
en revue sa troupe. Il le fit avec méticulosité et rédigea un
rapport en bonne et due forme, à tel point qu' il conclura :
-  Certaines négligences déterminent que l' état de ces lieux
    est susceptible de servir à d' éventuelles agressions par
    l' ennemi. Une cabane de chasseur se trouve  au milieu des
    deux fronts, qui pouvait éventuellement permettre une
    percée des lignes par l' ennemi.
    A l' école d' où sort ce grand guerrier, on lui appris qu' il
n' est pas question de laisser un abri  en l' état, ce serait
aléatoire. Ce piège qui se présenta là, devient une faiblesse
pour l'Armé Française. Il prépara  un plan pour le prochain
affrontement en présence des soldats.

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   Personne ne dit mot et ne fit allusion à un quelconque
refus.
   L' officier désigna un commando pris au hasard. Cette nuit
 ils devront faire exploser cette cabane de chasseurs !
-   La bravoure est le signe de la victoire, nous valoriserons
    notre doctrine combattante !
    Dans cette troupe désignée, se trouve le dit JEAN, celui
qui sympathisa avec le dénommé HANS durant les jeux de
cartes.
  Lorsque la nuit arriva et que les arbres devenaient des
ombres contradictoires, la ruse prenais le pas. La peur de
l' insubordination n' explique en rien cette vérité : personne
n' eu le courage de faire comprendre au lieutenant que par ici
la paix est force de loi, personne ne lui fit comprendre que
l' amitié était leur fortune, personne n' a su lui dire de quelle
manière ils allaient , le soir au rendez-vous des jeux de cartes,
personne !
    Ce fut avec beaucoup de souplesse que le lieutenant avança.
Tous les autres soldats suivaient en silence. Jean en fit
autant , il ressentait  un brutal pincement au coeur,  qui lui

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troublait l' ensemble de ses facultés. Ses pensées se trouvaient
là où le mal n' est pas, là où le signe de l' amitié cultivait  la
sagesse auprès de la vérité !
  Dans la cabane en bois , les tables sont préparées et les
cartes prêtes à être distribuées. Les bouteilles de schnaps sont
sous les tables et la lueur des bougies émettaient  une faible
clarté tamisée. Du village résonnait la messe du soir et dans
le ciel la lune donnait toute sa splendeur. Une nuée de
chauve-souries volait pardessus les casques des fantassins et
de temps a autre, un hibou se laissait deviner par son vol
silencieux et autoritaire.
  C' est une victoire certaine, pour les soldats français car les
soldats allemands étaient venus sans leurs armes. Jean savait
cela comme les autres compagnons de bataille. Cette réflexion
provoquait  dans son coeur une sorte de désespoir digne d' une
vraie lâcheté. La troupe se rapprochait de la cabane. Le
lieutenant soulevait son corps pour lancer l' assaut, l' offensive
pouvait démarrer...
      - Sauvez-vous, sauvez-vous !

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  Une fenêtre restait ouverte, une main adroite y lançait une
grenade, puis une autre. Des tires de mortier soulevaient
la terre et la cabane des chasseurs. Une débandade suivait
les explosions. Des hommes tombaient et des crépitements
d' arme se dénonçaient par leur  traces lumineuses . Des
gémissements traversaient la nuit après chaque explosions.
La cabane se transformait en un brasier d' enfer et les hommes
qui s' en échappaient devenaient des cibles repérable.
   L' amitié venait de se fracasser dans le tumulte d' un
héroïsme dit parfaits. Dans cette  stratégique : il faut des
victimes, de la casse : il faut des interventions, il faut que
cela coûta une fortune, et que naissait la haine et la misère...
Ne sommes-nous pas tous des frères ?
   La suite transforma les vergers en gruyère car , percés de
nombreuses galeries souterraines, en tranchées et surtout en
de vastes tombes qui se plaçaient du mauvais coté comme
du bon coté .
  Malgré cet acharnement, la frontière a tenu tant bien que mal.
Elle ne perdit ses ailes que lorsque l' armistice fut signée.
  JEAN et HANS n' ont jamais eu location de retrouver leur

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village natal car les deux reposent dans la partie des soldats
inconnus. L' explosion des grenades les ont rendus
méconnaissables.
  Cette histoire est une légende qui se racontait dans le village.
Lorsqu'une nouvelle route fut creuse la découverte d'un abris
souterrain permit de retrouver 21 soldats Allemand emmuré.

Voila l'article parue dans France 3 Alsace







                                                  

  






  JJM

auteur, Jean Jacques Mutz.
écrit  le 11 11 2008, remis a jour le 09 11 2020.
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La nouvelle est en cour de construction des changements
peuvent suivre.
Auteur Jean Jacques Mutz écrivain amateur.

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