JALOUSIE ( nouvelle n 4 )

mirage au dessus des nuages sage n 1

Mai 2008 294











1

Jalousie

     Ce personnage est assis devant sa porte cochère, 
sur la seconde marche. Son regard se promène à 
droite, puis à gauche et parfois en l' air. 
  Ses mouvements se font avec une rigueur attentive,
car sur sa tête il possède une chevelure faite de files 
synthétique... 
   De son regard objectif il regarde passer le monde 
qui se déplace soit en voiture, soit à pied, en avion 
ou à vélo, en bus ou en moto. 
  Je trouve sa philosophie pleine de fantaisie : C'est 
là sa seule passion, observer les autres. 
     Dans son obsession il n' est pas seul car un petit 
caniche blanc l' accompagne avec béatitude.

   L' accompagner est le juste mot car lui  aussi reste 
immobile, semblable à une sculpture. Lorsque la pluie 
se manifeste, ils restent fidèle à leur poste mais, monte  
sur la troisième marche. 
  Quant l' hiver  arrive avec sa froidure et que la 
neige prend la couleur de la pollution des véhicules 
de passage, ils changent de place pour se mettre a 
l’abri. Ils occupent alors la fenêtre du réez de chaussée 
qui reste ouverte. Là, il pose ces coudes sur le rebord  
et son inséparable compagnon le caniche blancs se 
place a ces cotées.
      Je tente d' analyser ses pensées, il  en résulte la 
solution suivante : Il doit connaître l'horaire du 
temps de passage entre tel ou tel voyageur, son 
retard et chaque signe différant des autres jours. 
Certainement qu'il se dit " Cette voiture rouge a du 
retard, cette auto blanche a de l' avance , ce camion 
ne passe pas souvent par ici, quant a ce piéton, il 
est poli comme à chaque rencontre. "
       Cela fait des années que je dois m' arrêter à ce 
croisement-là, chaque fois je l' observe. Ne ressent-il 
pas de la monotonie a force d' observer les mêmes
mouvement ? 

3

    Il m'arrive de regarder sur la montre du tableau 
de bord pour me rendre compte que j' ai 20 minutes 
de retard, ou encore vingt minutes d' avance.
   Malgré cette irrégularité, ils restent fidèle et 
occupent le même emplacement, comme des statues 
de bois !
    Cette rencontre journalière perpétuelle me donne une 
idée, et ci je sortirais de ma voiture pour faire un brin de 
gosette ? 
   Je manque de courage et reporte mon intention  
d'entamer un  dialogue. Je suis envoûté par l' habitude 
et le respect du temps.  
  Lui et son chien ne sens fond pas , ils restent là, 
comme pour prédire la bonne foi. Ils représentent les 
témoins du passage journalier de la circulation de ce 
croisement.
    Dans le prolongement de son habitation, qui compte 
dix maisons d' un étage  , trois d' entre elles 
disparaissent sous le travaille de deux grosse  pelles 
mécaniques. Malgré ce chamboulement, ils gardent 
leurs habitudes. 
  Les maisons des alentour se vident de leurs 
habitations, leur vétusté devient trop criante.
     Une nouvelle construction prend forme. Le 
modernisme apporte dans ses bras le confort, le luxe 
et le bon choix. Le restant des maisons semble ridicule 
devant ce modernisme alléchant.

4

    Je tombe malade pour quelques semaines, puis je 
reprends ma route par ce carrefour habituel. 
   L' homme "Sculpture" et son chien ne s' y trouvent 
plus ! 
  Ce manque de repère bouleverse mes habitudes ! 
   Je passe plusieurs fois , aucun indice sur sa 
disparition ? Seraient ils parti ?, ou décédé ou bien 
malade dans un hôpital ? 
   Je m’inquiète sur leur sort . 
   Au quatrième jour , renonçant à mes propre 
habitudes, je porte toute mon attention sur le bâtiment 
neuf. Ma nouvelle manie m' apporte un profond 
réconfort, car je remarque que l' homme statue a 
emménagée dans ce bâtiment neuf ! Il se trouve au 
premier étage sur un petit balcon en train de guetter 
les allées et venues des voitures, des motos, des avions, 
des piétons et des vélos... 
    Je regarde son visage où prime la fierté d' une victoire,
 celle d' avoir eu le courage de changer ses habitudes.
   Ce constat me fait éprouver une certaine jalousie, lui a 
su changer de situation, ce qui n' est pas mon cas...
   Ma jalousie est pourtant mal venue car moi aussi, je 
lui ai causé du souci : Chaque année, je me suis acheté 

5

une nouvelle voiture, donc moi aussi  je devrais exprimer 
une certaine victoire !

JJM

La nouvelle est en cour de montage, des changements 
peuvent suivre. 
Auteur Jean Jacques Mutz écrivain amateur.
écrit le 08 12 2008 remis a jour le 21 07 2019.
A ce jour 21 07 2019, 113 781 lecteurs.
A ce jour, 25 02 2021, 143 864 lecteurs.

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