LE SORTILÈGE ( nouvelle 8)
mirage au dessus des nuages sage n 1
LE SORTILÈGE
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De la petite ville où j'ai vu le jour, je garde unsouvenir que, jusqu'à maintenant, je n'ai jamais
réussi à oublier : il s'est incrusté dans mes
pensées.
Construite dans une vallée, qui se trouve au
début d'une vieille chaîne de montagnes. Ma ville
est le chef-lieu de notre canton. Y vivent trois
mille habitants, on y remarque une collégiale
qui laisse s'élancer vers le ciel son clocher
d'une hauteur hallucinante. Le son de ses cloches,
aussi haut placé, rappelle les ouvriers, les
gardiens des vignes éparpillés dans les champs
aux alentours. Une rivière traverse la commune
en la divisant ; par temps d'orage, elle se gonfle
pour se transformer en un véritable torrent
impétueux.
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Autour de la collégiale, une grande place degrès rouge, permet le rassemblement de plusieurs
personnes. Les jeunes se regroupent dans un
endroit opposé à celui des personnes âgées.
Nous ne laissons passer aucun jeu qui puisse
nous divertir car, malgré la présence de ces
vétérans, nous ne manquons pas de laisser libre
cours à nos rires et cris perçants qui résonnent
jusqu'au sommet de la collégiale .
Il fait chaud et la joie trouve dans nos cœurs une
riche liberté qui devrait être digne de l'éternité !
La nature aime aussi ce partage de gaieté, elle
l'exprime par les belles couleurs chatoyantes de
la floraison. Sur les hauteurs , des vignes rendent
le paysage rayonnant d'ordre et de clarté par la
répartition perpendiculaire des rangées de
cépages. Une route caillouteuse s'élance vers le
sommet, elle représente l'artère principale de ce
véritable labyrinthe de petites propriétés qui
forment une mosaïque dans les collines.
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Mes parents possèdent un petit arpent de vignesqui se trouve du coté droit de l'artère principale,
elle jalonne la moitié du parcours menant au
sommet de la colline. Le soleil s'y trouve du matin
au soir, ce qui donne à notre raisin une vigueur
appréciable au goût et une profondeur couleur
de sa robe.
Une grande croix détermine l'endroit où s'étalent
nos vignes, plantées entre des espaliers de pierres
plus que centenaires. On y rencontre un grand
rosier en fleurs rouge qui nous permet de
composer de volumineux bouquets que nous
apportons à l'église. Cette grande croix nous
rappelle le souvenir de notre Dieu, que nous
honorons à chaque passage par un signe de
croix, parfois nous accommodons une petite
prière lorsque notre satisfaction mérite d'exprimer
un remerciement quelconque.
De ma chambre, qui se trouve sous le toit de
notre habitation, je peux apercevoir ce chemin
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et même la croix car notre maison se situe enface de la collégiale et à l'intersection du
croisement qui relie les chemins des vignes
à la route principale de la ville .
Ce mois de juin est étouffant, une chaleur torride
insupportable règne. Ma mère et moi-même
décidons de nous mettre en besogne seulement
vers la fin de la journée, lorsque les gardiens des
vignes ont terminé leur temps de travail. Cette
décision est due au fait que les herbes indésirable
prolifère à toute vitesse. C'est avec peine que nous
les déracinons.
Je n'ai pas le coeur au travail car je préféré les
jeux sur la place. En ce moment , nous racontons
des histoires imaginaires, certaines sont drôle et
tout le monde en rit, mais d'autres en tirent une
peur. Je reste sur mon étoile du coté de
l’incertitude,là, ou tout l'entourage montre une
attention soutenue... Je me sens digne d'une
véritable sagesse de flibustier car on ne peut
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deviner mes émotions. Le vagabondage de nospensées perverses laisse montrer nos sentiments
contradictoires envers l'église. Comme le diable
nous tient tous en otage , d'après le sermon de
notre curé , nous tentons de trouver l'âme solitaire
qui le représente et qui se fait passer pour l'un
de nos semblables. Pour que naisse notre pacte,
nous fondons , nous les jeunes, une charte
inviolable à toute tentation impure qui puisse faire
venir le démon dans nos âme.
Cette promesse nous terrorise plus que tout.
Pour que nous puissions remplir la charte nous
décidons d'éviter certaines personnes qui
paraissent ressembler à la description de notre
ennemi. Nos soupçons se dirigent vers le
comportement ambivalent d'une vieille dame.
Nous la distinguons par des faits qui semblent
sans importances mais n'échappent pas à notre
clairvoyance. Son comportement est la première
chose qui attire notre attention car pour se
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déplacer elle prend appui sur une canne en boisd’acacia sculptée d'ornements bizarres... Voilà
le premier indice qui conforte nos présomptions.
Puis il y a encore ses habits noirs délavés qui
dégagent une odeur de fauve ignorant la propreté.
Son visage , serti de rides profondes, ne laisse
transparaître qu'un sourire démoniaque. Son
comportement agressif envers les enfants, ne la
couronne de la moindre bonne action car elle
brandit sa canne dans notre direction au moindre
chahut autour d'elle. Elle nous lance des paroles
que nous n'arrivons pas à comprendre. Ces
réactions étranges renforcent nos doutes, qui se
transforment en accusations. Notre jugement
devient bref et sans retour, il n'y a pas d'hésitation ,
nous tous la désignons comme étant une envoyée
du démon.
Depuis notre sentence, nous ne la perdons plus
de vue ; chacun d'entre nous découvre, par une
observation supplémentaire, un fait qui aggrave
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son cas d'un surplus de torts. De mon coté je faisen sorte de pouvoir accumuler un maximum de
renseignements. Mon regard croise justement
cette personne sur l'allée principale menant
au croisement des chemins entre les vignes.
Cette brève rencontre devient un interlude
accusateur, pour quelle raison la vieille dame se
trouve à cet endroit, à une heure aussi tardive et
pourquoi devant la croix ? Cela doit certainement
correspondre à son comportement bizarre ?
Ce qui m'a choqué le plus c'est qu'elle a ignoré
notre politesse.
La pleine lune laisse distinguer sa clarté, elle
permet de nous guider vers notre habitation. Ce
soir là , je n'ai pas faim et n'ai qu'une hâte ,
retrouver mes compagnons de jeux qui s'amusent
derrière la collégiale, à l'abri des regards de nos
parents. Mes explications ne rencontrent nulle
contradiction car tout l'ensemble du groupe décide
d'attendre le retour de la vieille dame.
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Une bonne partie de la soirée est entamée. Nousne sommes plus que quelques copains car le plus
grand nombre d'entre nous a du rentrer, appelé
par leurs parents. La vieille dame ne vient pas et
nos jeux tardifs sont rappelé à l'ordre par la famille.
Moi-même je retourne dans ma chambre mais , je
ne trouve pas le sommeil. Le fait que cette vieille
dame ne revienne pas attise ma curiosité. Je me
place à la lucarne de ma chambre qui me permet
d'observer la route montant aux vignes ainsi que l
a place devant la collégiale. Je ne suis pas seul à
veiller, de nombreuses chauve-souris effleurent
ma chevelure, des chats expriment clairement
leurs intentions sentimentales par des cris rauques
désagréables, et des hiboux volent à travers la
clarté de cette boule ronde qui éclaire le ciel
assombri.
Minuit vient de sonner, la suspect n'est pas
revenu. Au deuxième son de cloche, je la vois ,
elle arrive titubante sur sa canne. Cela me trouble ,
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de crainte, je me réfugie derrière le rideau de toilepour qu'elle ne prête une attention à ma
surveillance. Un trou providentiel me permet de
continuer à l'observer discrètement. Je me rends
compte qu'elle se dirige vers la grande porte
voûtée de l'entrée principale de la collégiale. Sa
démarche lente et instable ne trahit rien de ses
intentions. Soudain elle s'arrête puis lève son
bâton en direction de l'entrée de l'église pour crier
quelques mots incompréhensible ; elle continue sa
marche, puis s'arrête devant la maison du maire
où elle ramasse quelque chose ? Je n'arrive pas à
définir ce dont il s'agit... Elle presse le pas en
direction de la boulangerie où, là aussi, elle se
baisse pour ramasser quelque objet ? Je continue
de la suivre du regard, elle s'engage dans la ruelle
du marchand de poissons. Je la perds de vue, le
sommeil me gagne et je réponds à son appel.
Les rêves de mes nuits sont emplis de
pensées lugubres et les journées qui suivent
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n'offrent plus de résistance aux doutes que jeporte sur elle : elle représente l'image même du
diable, ça c'est certain !
Les journées suivent sans qu'aucune nouvelle
rencontre n'eut lieu à la bifurcation de notre vigne.
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Au bout de quatre semaines, le jour de la pleinelune, nous retrouvons cette vieille dame. Comme
de coutume, à l'expression de notre politesse aucun
écho, de toute façon elle ne nous prête la moindre
attention ! Le soir , je prends le courage de
retourner seul , en cachette, dans le plus grand
silence, à la rencontre de la vieille dame.
Pour ne pas faire le moindre bruit, je dois laisser
mes sabots à la maison, là aussi il faut que je les
cache. Pour parvenir à l'endroit de rencontre, je
grimpe pardessus les espaliers avec la plus grande
attention pour ne pas faire bouger la moindre pierre.
Arrivé à l'endroit tant décrit, je me cache derrière
un espalier et, j'aperçois que cette vieille dame
fait de multiples gestes brusques, puis, exprime
des paroles saccadées, toujours incompréhensibles.
Elle se met à creuser un trou avec sa canne, à une
profondeur d'environ vingt centimètres, d'une
longueur de cinquante centimètres sur dix de large.
Elle en retire un petit coffre d'une résonance
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métallique, car il eut d'entrechoquer sa canne. Ala clarté de la nuit , un reflet dénonce une certaine
brillance, laissant s'échapper des éclats qui
scintillent remarquablement...
Elle ouvre le couvercle pour en retirer des petits
bouts de papiers froissés en forme de boule,
servant a envelopper des objets ! A ce
moment, mon comportement pusillanime
reprend le dessus et efface tout mon courage ;
j'arrête mon observation. Je me dis que j'ai récolté
assez de faits surprenants que je pourrai raconter
dans ma prochaine histoire démoniaque derrière la
collégiale devant tous mes copains.
Dans l'ensemble , je suis très satisfait de mon
aventure, en plus l'engouement de mes copains me
comble d'une fierté qui me rend serein. Toutes
mes observations les ont impressionnés, je me
suis imposé car moi seul peut témoigner de cela :
Je parviendrai par le démasquer, ce maudit diable
incarné dans cette personne âgée !
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Les semaines se déroulent, aucun fait majeur nevient troubler notre train-train de vie commune. La
lune redevient à nouveau ronde. Ses rayons
départagent les faibles ombres qui traduisent la
réalité en une forme dévoyée et le raisin devient
prometteur par sa forme et sa quantité. Une chaleur
intransigeante domine la nuit, je ne peux trouver le
sommeil et prend, avec une particulière précaution,
la direction de la croix. Mon déplacement ressemble
à celui d'un félin qui entreprend une chasse. Je suis
certain que la vieille dame s'y trouve !
Mes prévisions s'avèrent justes, elle occupe le
même emplacement et fait le même rituel que la
dernière fois...
Je décide de m'attarder pour récolter plus
d'information, pouvant m'instruire sur ses
agissements. Après qu'elle a sorti la boîte
métallique, elle y place du papier froissé puis y
rajoute des crachats ! Cette action provoque un
trouble dans mes pensées. Elle s'exprime dans
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un langage incompréhensible tout en refermant laboîte avec son couvercle. A ce moment même
s'échappent une myriade de rayons que reflètent
la lueur de la lune.
Il fait presque jour, les étoiles s'effacent petit à petit .
Une fraîcheur matinale fait son apparition, cette
rosée si vitale aux plantes, divulgue aux alentours
leur parfum réconfortant Des vignes émane la senteur
du raisin et les oiseaux commencent à chanter. La
vieille dame rejette de la terre avec sa canne
pardessus la boîte, puis place une énorme pierre
pour la protéger d'éventuels curieux ?
Je reste couché jusqu'à ce qu'elle disparaisse de
mon champ de vision. Une demi-heure s'est
écoulée. Je me relève avec des courbatures me
donnant la même démarche que ma suspecte ! Je
me dirige vers la croix puis me place devant
l'énorme pierre qui me parait impossible à déplacer.
La tentation est forte mais j'hésite car il y a
plusieurs facteurs contrariants ! Le premier est
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que je me trouve devant la croix et un vol nousn'y avons pas droit. Le second c'est que la peur me
guide , cette découverte risque de m'attirer des
ennuis Puis vient le troisième, bien plus concret :
une incapacité musculaire ne me permet de
déplacer ladite pierre, aussi lourde que le poids
d'un énorme rocher
Mes intentions prennent bientôt une tournure
différente: la curiosité devient plus forte ! Comment
une vieille femme aussi faible a-t-elle pu déplacer
une aussi grosse pierre ? Mes actes engendrent
une culpabilité certaine, je vais commettre une
grave faute... Suis-je sous l'influence du diable ?
Cette conclusion freine mon ardeur, je ne fais
que repérer l'endroit avec l’intention de revenir
un peu plus tard avec du renfort , cela partagera
les responsabilités. Pour mieux repère
l'emplacement, j'y rajoute une grosse pierre
rouge, rare dans les alentours . Je me contente
de faire une prière devant la croix car les premiers
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gardes des vignes arrivent pour faire leursurveillance .Je dois quitter rapidement ce maudit
endroit !
Chaque nouvelle journée qui arrive comporte
des anomalies semblables a des malédictions.
Je pense en connaître la raison car, je fais un
rapprochement avec ce que j'avais découvert.
Mes pensées se tournent vers les sermons de
l'église, qui prédisent que le malheur est une
punition envoyé par le mal ! Le mal justement ,
venons- en à cette définition défavorable ! Je
me dis que peut être je suis le responsable de
ce qui nous arrive...Ce mot responsable me
dévoile ma culpabilité du fait que j'ai tenté de
commettre une grave faute en voulant tenter
d'enlever cette lourde pierre qui me paraissait
collée au sol , ? Est-ce cela qui cause tous ces
maléfices ?
Dans les vignes, une myriade d'étourneaux
picore les grappes de raisons. Ces blessures
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font perdre toute saveur et valeur aux grappes.Pour les chasser, mes camarades et moi-même
nous efforçons chaque jour de les en dissuader.
Je m'arme d'un lance-pierres et tente d'en toucher
certains pour leur faire peur et les éloigner. Nos
multiples tentatives sont vaines ; devant leur
acharnement, notre action ne rime à grand-chose.
Il y a encore cette chaleur torride ainsi que le
manque d'eau qui conjuguent une sécheresse
impitoyable, elle laisse de profondes cicatrices. Les
feuilles des vignes s'enroulent sur elles même avec
l'apparition de cloques rouges sur toute leur surface.
Nous n'arrivons pas à trouver le juste contrepoids
pour notre protection : le malheur est là.
Cela incruste profondément nos pensée de
chacun. Dans les vignes, plus un lièvre ne se laisse
prendre dans les collets ! Les murs de rocaille se
dégradent car l'herbe qui pousse entre les raccords
se dessèche, certains paliers s'écroulent.
Le malheur frappe à de nombreuses portes.
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Monsieur le maire tombe gravement malade ainsique le curé de notre paroisse. Le boulanger s'accable
d'une fatigue indomptable aussi profonde que celle
de notre poissonnier. Au marché l'on ne trouve peu
de marchandise à acheter, la vie prend une tournure
de friche et la pauvreté commence à se faire sentir.
Il n'y a qu'un filet d'eau dans le torrent et les
poissons se font rares ; le blé devient une denrée
de forte valeur car de nombreux champs sont
calcinés par la sécheresse. La vie elle-même
apporte un sentiment d'insatisfaction permanente ,
des désaccords divers entre parents provoquent
des affrontements. Cet état de choses incertain
pèse lourdement sur nous, lésant notre avenir.
Dans la collégiale, les flammes des cierges ne
sont plus en nombre, plus de décoration riche de
fleurs, devenu rare. La manne de prospérité ne
suivi plus personne, sa direction a changé de cape.
Nous voila dans une phrase secondaire, où se
cumule tous les acharnement du malheurs.
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Chaque soir je fais une pause près de la croixpour y faire une prière avec ma mère, mais rien
n'y fait, pas même une amélioration pour la bonne
suite.
Les semaines s'écoulent lentement, difficilement.
Je n'ai aucune intention de me détourner du droit
chemin, la pierre rouge côtoie toujours la grosse
grise, nulle intention révolutionnaire n'agite mes
pensées, je reste sage comme l'image d'un vrai
mage.
Je regarde le ciel et remarque que la lune
s'arrondir. Cette constatation me guide vers une
intention qui consiste à prendre des dispositions
pour découvrir la suite de l'histoire de la vieille
femme va certainement revenir sur les lieux de
sa profanation.
Toutes mes présomptions me laissent sur cette
conclusion : tout ce qui nous arrive est signé par
les intentions maudites de la représentante du
démon !
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La rage dans le coeur , ma vengeanceimpose une action pouvant résoudre , même
arrêter, toutes ces malédictions. C'est comme si
j'occupais la place d'un juge qui tranche en
considérant les données précédemment évoquées.
Je décide fermement de retourner ce soir, avec
un manche de pioche, près de ce lieu que la vieille
dame eut profané par sa malédiction !
La nuit est épaisse et le ciel sans étoile, je n'ai
de ce fait pas le moindre témoin de mon action.
Avec l'aide du manche en bois, que j'emploie
comme levier sur la pierre rouge, je tente de
déplacer le gros rocher gris.
Mes intentions rencontrent une difficulté, je
n'arrive a la bouger d'un brin ; elle est comme
collée au sol !
J'utilise toute ma force et même mon poids pour
faire balance, sans aucun résultat probant. A
un moment donné, les nuages laissent passer
quelques rayons de lune. Un miracle étonnant
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se produit alors . L'énorme pierre se laissedéplacer avec une facilité déconcertante ; elle
devient légère comme un oreiller rempli de
plumes !
J'en reviens pas, mais d'où vient ce mystère ?
C'est avec acharnement que je continue de
creuser le sol. Je dois découvrir, trouver cette
maudite boîte métallique dans laquelle sont
enfermé le mystère de tous nos mauvais
présages ? La terre se laisse dégager sans
mal . Le manche heurte la boîte métallique qui
produit un phénomène acoustique réconfortant
mes pensées. Ma fureur trouve dans ce bruit
une volonté ( divine ? ) pour persévérer dans
mes recherches. Je ne me rends pas compte
de l'acharnement que je déploie pour sortir
cette caisse de son emplacement.
A son contacte une froideur glace mes mains
malgré la chaleur environnante ! Elle est légère
et lourde à la fois. Je la pose sur la grande
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pierre grise puis j'ouvre le couvercle. A l'intérieur,je découvre des rangées de petits bouts de
papiers enroulés en forme de cigarettes. Je
défais l'un d'entre eux puis, stupéfaction profonde,
j'y trouve des cheveux ! Ma curiosité n'est pas
encore rassasiée, je découle tous les autres bouts
de papiers pour étaler leur contenu de cheveux
sur la pierre rouge.
Mon inventaire dévoile des cheveux qui n'ont
pas tous la même couleur ni de point commun.
J'en vois des longs bruns, des noirs frisés, des
gris cendré raides ou fripés et d'autres encore qui
ressemble à la couleur or des blés à la moisson.
Tout cet étalage recouvre la surface complète de
la pierre rouge. La lune disparaît à nouveau, ses
rayons ne provoquent le moindre rayonnement
qui pourrait les éclairer. Subitement, une brise
humide effleure mon visage. Mes cheveux se
décoiffent, une mèche s'en échappe et les autres
étalés sur la pierre rouge s'y mélangent en tombant
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à terre... Je reste stupéfait d'étonnement devantcette touffe de cheveux mélangée, je ressens un
éblouissement à l'apparition de nouveaux rayons
de la lune.Je suis comme hypnotisé devant tous
ces cheveux. Je me donne un mal fou pour tenter
de les enrouler de nouveau dans ces bouts de
papiers qui ne correspondent plus. Je fais de
mon mieux pour redonner forme à l'ordre
précédent mais je ne pense pas avoir réussi le
juste accord, impossible.
Ma hâte , ma fébrilité et mon inquiétude troublent
mon comportement. Ma curiosité n'a pas prévalu
sur la sagesse, si précieuse, car maintenant je
me rends compte que je viens de commettre une
énorme faute. Je me dépêche de refermer le trou
et remettre de l'ordre dans les environs, puis cours
retrouver ma chambre. La nuit ne m'apporte le
sommeil attendu.
Le lendemain, mon visage dévoile une fatigue
certaine car de profondes rides marquent mon
visage d'enfant.
Le soir de la pleine lune, j'y retourne avec les
plus grandes précautions, au croisement près
de la croix. Je suis parti très tôt pour attendre
avec impatience la vieille femme. Mon attente
enfin est récompensée , elle arrive, titubante, à
la croix.
Elle commence son rituel incompréhensible
puis utilise sa canne pour déplacer la grosse
pierre ; La lune rayonne de plus belle. Elle
poursuit sa besogne et déterre la boîte métallique
qui transmet ses reflets aux rayons de la lune.
Elle ouvre la boîte et là, elle remarque qu'elle a
été forcée et que l'ensemble des bouts de
papiers sont dans un désordre révolutionnaire.
Ce constat transforme ses réactions car elle
brandit la canne vers le ciel et crie à voix forte
en direction de son témoin, la lune !
Mais son langage ne m'apporte rien d'instructif,
ce n'est que mon regard et mes intuitions qui
enregistrent les faits : Elle est furieuse. Je
ressens une sorte de victoire qui se traduit par
une immense joie. Mon coeur bat la chamade et
mes réactions nerveuses produisent des
tremblements dans tous mes membres. S' ensuit
alors un comportement bizarre chez cette
employée du démon car elle se met à faire des
mouvements qui ne sont pas de son âge ! Elle
se débarrasse de la boîte métallique en la jetant
dans les ronces, puis elle cavale à toutes jambes
en direction de la ville. Pour son âge , sa course
sportive est extraordinaire ! Je m'exalte , glorifié
par ma victoire et, après qu'elle a disparu je
m'extirpe de ma cachette pour rejoindre la ville.
Le lendemain se produit une transformation
inhabituelle, je me lève tard, contrairement à mes
habitudes. Sur le toit, le clapotis de la pluie chante
allègrement une sérénade réconfortante. La rue
brille à nouveau et les gens se réjouissent. Les
becs des gouttières de la collégiale crachent de
l'eau sur les pavés de la place pour remplir les
rigoles qui partent dans la direction des ruisseaux,
lesquels rejoignent les cours d'eau puis la rivière
qui redevient un torrent tempétueux. Monsieur le
maire se montre de nouveau ainsi que le curé
qui tente de nettoyer les alentours de la paroisse.
Le boucher a retrouvé sa bonne humeur et sa
bonne santé, le boulanger exulte de joie avec le
poissonnier qui retrouve sa clientèle d'antan. Le
réconfort réchauffe nos cœurs et la bonne humeur
règne en maître. Dans les vignes, les étourneaux
ont disparu et l'herbe jaune reverdit... Sous les toits,
l'on se sent à l'abri, la température redevient
clémente et le sommeil confortable. Les herbes
folles attirent les lièvres et les moutons gonflent
leur ventre. La vie saine reprend son équilibre
parfait.
Et la vieille femme, qu'est-elle devenu ? Elle a
disparu, emportant avec elle toutes les malédictions
et toutes mes condamnations.
JJM
auteur Jean Jacques Mutz.
écrit le 14 12 2009, remis a jour le 28 09 2019.
A ce jour, 28 09 2019, 115 731 lecteurs.
A ce jour, 07 05 2021, 150 818 lecteurs.
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